Boris Charmatz et ses Danses gâchées dans l’herbe – Exposition

Boris Charmatz, Transept-ph.César Vayssié

Un rendez-vous inhabituel pour le FRAC-Sud Cité de l’art contemporain de Marseille attend le public. En fait, à partir du 9 décembre 2023 jusqu’au 24 mars 2024, on pourra découvrir l’exposition Danses gâchées dans l’herbe, un parcours visuel et chorégraphique qui amène le visiteur à découvrir le style, la sensibilité et les qualités chorégraphiques de Boris Charmatz, figure de pointe de la danse contemporaine internationale et aujourd’hui aussi Directeur artistique du TanzTheater Wuppertal Pina Bausch.

Les origines de l’exposition

Il s’agit d’un parcours « muséal » qui permettra au public de découvrir six films, dont deux inédits, témoins de la pensée artistique du chorégraphe français réalisés par Aldo Lee et César Vayssié entre 1999 et 2023. Bien sûr l’organisation de cette exposition résonne avec les concepts du Musée de la Danse propulsés par Boris Charmatz quand il dirigeait le Centre Chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. Dans le Manifeste que Boris Charmatz écrivit au moment de la fondation on lit : « il s’agit de bousculer l’idée que l’on se fait du musée, et l’idée que l’on se fait de la danse ! Mariage impossible des deux mondes, il explore les tensions et les convergences entre arts plastiques et arts vivants, mémoire et création, collection et improvisations sauvages, œuvres mouvantes et gestes immobiles ».

Comme l’a affirmé la commissaire de l’exposition, Muriel Enjalran, l’idée de ce projet naît d’un désir de vouloir conserver l’idée de musée du XVIIIe siècle comme lieu de rencontre et de communication. Il y a aussi l’idéal commun entre le FRAC et Boris Charmatz, d’ouvrir l’art aux espaces publics.

Les films 

Danses gâchées dans l’herbe constitue une expérience quasi immersive où le spectateur peut visionner, sans suivre aucun ordre précis, six films, dont deux inédits, qui permettent de découvrir ou redécouvrir les éléments principaux du langage chorégraphique de Boris Charmatz : sa physicalité, sa sensualité, son goût pour la transgression, son désir pour la recherche d’un geste libéré des codes habituels, sa capacité à ironiser. On peut passer d’un écran à l’autre librement, visionner les films entièrement ou pas, pour y retourner. Chacun trouvera certainement des images qui le touchent et suscitent son imaginaire. Les films sont muets, une caractéristique qui accentue la relation directe avec les images.

Dans Desparates (1999) de Cesar Vayssié, tourné à Dieppe, on retrouve Boris Charmatz avec une danse « ouverte » s’inspirant des lieux de la ville, notamment un bistrot, le bord de mer ; le film Une lente introduction (2014) de Aldo Lee, tiré de la célèbre pièce Herses (1997) montre la facette naturiste du chorégraphe où la nudité des danseurs fait ressentir la matière des corps et les sensations que la chair est capable de susciter au travers du toucher ; Étrangler le temps (2021) de Boris Charmatz et Aldo Lee exalte la sensibilité corporelle de Boris Charmatz et de Emmanuelle Huynh en reprenant des extraits de Trois Boléros d’Odile Duboc ; Levée (2014) de Boris Charmatz et César Vayssié réunit un groupe de danseurs dans un paysage désertique, engagé dans une danse chaotique composée par une pluralité de gestes, un presque prélude  du spectacle de Boris Charmatz 10 000 gestes ou Happening Tempête (à noter que le film a été tourné d’un hélicoptère).

 

Levée est aussi à l’origine d’un des deux films inédits, Danse gâchée dans l’herbe : Boris Charmatz invite la danseuse de l’Opéra de Paris Marion Barbeau à s’approprier la multiplicité des gestes et à les interpréter avec la sensibilité de son corps.

Marion Barbeau, Danse gâchée dans l’herbe-ph.Boris Charmatz et César Vayssié

Au plateau performatif intérieur du Frac, le film Transept (2023) représente le solo de Boris Charmatz Somnole, dansé par lui-même. Il s’agit d’un solo où la danse devient souffle, se produit dans un état de latence, en somnolant et guidée par un profond imaginaire (cf. l’interview réalisée avec Boris Charmatz ).

Le film a été tourné dans l’Eglise Saint -Eustache à Paris, lieu où du 14 au 16 décembre 2021, Boris Charmatz dansa ce solo. Les choix techniques du réalisateur, César Vayssié, créent des images entre le sacré et le profane faisant ressortir les émotions que le corps de l’interprète est capable de susciter au travers des musiques sifflées.

Boris Charmatz, Transept-ph.César Vayssié

Il s’agit aussi d’un voyage aussi dans la mémoire de son enfance quand il écoutait en famille les morceaux de musiques diffusées par de France Musique, devenues sources d’inspiration de son langage corporel pour cette pièce.

Marseille, Frac-Sud Cité de l’art contémporain, 8 décembre 2023

Antonella Poli

Partager
Site internet créé par : Adveris